Η γλώσσα της αρχιτεκτονικής
Part of : Χρονικά αισθητικής : ετήσιον δελτίον της Ελληνικής Εταιρείας Αισθητικής ; Vol.ΙΑ-ΙΒ, No.1, 1972, pages 84-93
Issue:
Pages:
84-93
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Le langage de l’architecture
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Une des questions qui préoccupent actuellement la philosophie est de savoir si l’art est un langage. Alors que les autres arts (rhétorique, poésie, musique, peinture et sculpture) laissent entendre quelque chose même au moins initié, l’architecture n’inspire que des considerations prosaïques à celui qui n ’a pas appris l’art de son langage.L’ architecture contemporaine part d’une réaction contre la morphologie et la stylistique d’une période d’éclectisme, où la forme architectural se réduisait en fin de compte à la simple connaissance de styles et de formes d’ordre purement extérieur et presque sans consideration de la destination de l’œuvre, de l’ordonnance de ses espaces, de son matériau et de sa technique. La question du langage architectur al se pose maintenant avec des données nouvelles, plus proches de la réalité: dans la construction correcte, à la fois utile, agréable et artistique, le style et la forme émanent de l’intérieur et non plus del’ extérieurcomme un ornement superficiel. Ainsi la forme qui émergeait justifiait ce principe nouveau: la forme suit la fonction, qui fut énoncé presque au même moment en Europe par Labrouste et dans le Nouveau Monde par Sullivan. L’œuvre devient une construction dénudée telle qu’elle est sortie des mains du technicien, sans aucunornement sur la façade et sur les côtés. Mais que devient alors, dans la création architecturale, la forme artistique, aussi indispensable à l’ œuvre que sa forme utile et sa forme technique? L’architecture est-elle restée sans langage et son langage a-t-il un vocabulaire?Certes les anciens éléments techniques de construction (colonne, entablement, module, etc.) ont complètement changé; nous avons aujourd ’ hui des dalles-champignon et des coques. Tout a changé et nous sommes en présence d ’un renversement des éléments techniques et des expressions de l’architecture. Le béton armé résiste non seulement àla compression et à la flexion mais au flambage et à la traction. En outré de nouveaux éléments techniques apparaissent, comme la poutre-dalle, la doison portante, les coques. En d’autres termes les éléments techniques du langage se sont multipliés dans l’architecturecontemporaine, mais surtout ils ont changé, même lorsqu’ils ressemblent à ceux d’autrefois, parce que les possibilités de résistance et de function du matériau ont changé. En conséquence cette révolution technique dépasse le problème étroit de l’ordre et des proportions pour revenir à la source et retrouver les lois qui régissent la conformation des elements de structure en rapport avec leur déterminisme, suivant qu ’ils sont actifs, passifs ou neutres.Les premiers mots de l’architecture se trouvent donc, semble-t-il, dans ses éléments de construction et son expression se réfère au système de construction de l’époque. Celui-ci découle du besoin de créer des espaces habitables pour la protection de l’homme, un besoin qui commande l’emploi du matériau de manière appropr iée en vue d’élever des murs et de soutenir un toit au-dessus du vide. A ce point, cependant, les elements fondamentaux du langage, à savoir les elements techniques de la construction, sont inséparables de deux autres facteurs: l’espace et la lumière, tandis qu’intervient de plus, comme agent, le spectateur qui vit et se meut dans l’espace et qui pour se déplacer d’un espace à l’Autre a besoin d’ouvertures et d ’ouvertures aussi dans les murs pour s’éclairer et respirer.Le Trésor d’Atrée donne un exemple simple des rapports entre le mouvement et le repos, le plein et le vide, le rythme et l’harmonie. Nombreux sont ceux qui croient que l’architecture est l’art de l’espace et non des formes. On peut donc poser la question: les mots de l’architecture seraient-ils ces espaces crées, le corridor, le trésor, le sanctuaire, la porte d’entrée, la voûte et les piliers? C’est-à-dire les mots seraient-ils formés par les vides et non par les pleins? Mais il est clair que vides et pleins sont corrélatifs et qu’ainsi la langue architecturale, à la fois utilitaire, technique et artistique, ne peut éviter la complexité.Le langage architectural atteint son sommet dans les emotions artistiques que suscitent les œuvres, dans leur force d’expression, et pas seulement dans l’idée que réalise chacune d’elles comme forme de construction utilitaire, mais dans leur capacité de provoquer des états d’ âme chez le spectateur qui se meut en elles et y vit. C’est là le point fort de leur signification.Dans ces conditions seulement l’architecture a le pouvoir de métamorphoser, comme Eupalinos, selon Valéry, métamorphosa en temple la jeune fille de Corinthe. Extérieurement elle imite une image et intérieurement, par métaphore poétique, elle crée des symboles architecturaux à partir de schémas de structure abstraits. Si le spectateur comprend tout cela, il commence à saisir un langage purement architectural, abstrait, qui dépasse les concepts du langage parlé et n’a pas de rapport avec le thème qu ’il supporte, de même que la peinture abstraite n ’a plus aucun rapport avec un thème quelconque.La métamorphose esthétique se conforme à la conception du monde de chaque époque: dans le temple classique, elle est anthropomorphique; dans l’église byzantine, elle est théocentrique; de nos jours, on abandonne la langue poétique des formes et on tend à mettre en evidence la matière amorphe (brutalismus).L’ architecture contemporaine surmonte la pesanteur et obtient la résistance par la forme elle-même; elle tend ainsi à la légèreté, à l’incorporel, grâce aux formes suspendues dans l’espace ou dépourvues de poids. C’est l’architecture de la forme pure et de l’espace infini continu. Le style de l’œuvre contemporaine, le style et l’esprit d’une époque, chaque fois nouveaux, sont une création, l’expression d’un idiome original.A ce point de vue le langage artistique n ’a pas de mots; il a des signes et des signes inédits. Le symbole acquiert alors une nouvelle valeur: libéré de l’imitation, il imite l’image pour la dépasser et l’image revêt chaque fois une signification nouvelle.
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