Ο λόγος, ο μύθος και ο ήρωας στον ελληνικό Καραγκιόζη : σημειολογικές εκδοχές μιας τριπλής παράβασης

Part of : Εθνολογία : περιοδική έκδοση της Ελληνικής Εταιρείας Εθνολογίας ; Vol.3, No.1, 1994, pages 137-161

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137-161
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Discours, mythe et héros dans le Karaghiozis Grec : versions sémiologiques d’une triple transgression
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Faut-il privilégier la forme plutôt que la structure dans l’étude du théâtre d’ombre grec? A l’analyse de celui-ci selon les démarches de Vladimir Propp et de Claude Lévi-Strauss ne vaut-il pas mieux préférer une lecture sous les tirs croisés des théories sémiologiques de Michel Foucault, de Roland Barthes et d’Umberto Eco? Prenant le contre-pied des idées communément admises que le Karaghiozis grec est à ranger parmi les genres narratifs, le présent article répond à ces questions par l’affirmative et propose quelques jalons pour une approche du Karaghiozis centrée sur sa surface signifiante totale, son langage aussi bien verbal que visuel.Abandonner l’analyse structurale (syntagmatique ou paradigmatique) au profit de l’analyse formelle permet, en effet, de réorienter la recherche du côté des aspects les plus significatifs d’élaboration du sens et implique de le considérer comme le lieu par excellence d’une triple transgression: transgression, d’abord, de «l’ordre du discours» par son mépris ostensiblement affiché des lois et des règles d’après lesquelles la société institue et légitime le pouvoir de ce dernier (tout en conjurant ses dangers), et construction d’un contre-discours situé aux antipodes du discours dominant; transgression, ensuite, de la parole mythique contemporaine au moyen du détournement des procédures qui président à sa constitution en «système sémiologique second», détournement conduisant à sa démythification radicale est à l’émergence d’un troisième système sémiologique, celui du méta-mythe; transgression, enfin, du modèle établi du héros par la réfutation systmématique des traits fondamentaux que lui attribue, depuis deux siècles, la tradition du roman dit populaire et mise en place d’un nouveau personnage, l’anti-héros.Ces transgressions ne se font pas au hasard, mais elles n’obéissent pas non plus à un système de signes pré-construit. Elles opèrent, tout simplement, par inversement méthodique des règles, des procédures et des attributs qui permettent au discours d’exclure -en esquivant ses liens avec le pouvoir et le désir (M. Foucault), au mythe de mentir- en volant le langage (R. Barthes), et au héros d’exercer ses fonctions intégratives à l’ordre social dominant -en «gratifiant» et en «consolant» les masses populaires (U. Eco). Par son jeu habituel d’affirmation/négation et la renégociation permanente à laquelle il soumet le rapport signifiant/signifié (à l’aide de la parodie et de la dérision), le Karaghiozis abolit tous les tabous, il interdit d’interdire: aux exclusions imposées par l’ordre du discours quant aux dichotomies raison/folie et vrai/faux, il oppose son verbe libéré de toute convenance, son goût pour l’absurde, son indifférence face à la «vérité»; au «jeu de cache-cache entre le sens et la forme que définit le mythe» et lui fournit les moyens d’évacuer la politique et de présenter l’Idéologie comme Nature, il substitue son propre jeu de cache-cache entre la signification et le signe qui démasque le mythe et remet le réel à l’endroit; au concensus incarné par le héros charismatique quant à la division manichéenne du monde en forces du Bien et forces du Mal, il rétorque en affirmant son amoralisme profond et son sens viscéral de l’irrévérencieux.Dans un univers de signes réglementés, ordonnés et maîtrisés, l’irruption de la parole subversive de Karaghiozis restitue au discours son «caractère d’événement», abolit la tyrannie du signifiant sur le signifié, subtilise le mythe (de la même manière que celui-ci subtilise le langage) pour nous le retourner déformé et inoffensif, ré-introduit la politique et rend à la langue ses droits illimités à la liberté.
Subject:
Subject (LC):
Keywords:
μύθος
Notes:
Περιέχει βιβλιογραφία