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Le temps en tant que critère de l'art

• Μποζώνης, Γεώργιος

Dans le débat entre les représentants de l’art traditionnel et ceux de l’art moderne, je constate une erreur logique et philosophique, parce que nous attribuons au temps des propriétés qu’il ne possède pas, nous lui prêtons un caractère magique et le transformons en une sorte de tabou.Le temps en physique et en physiologie présuppose un rythme, une succession stable, arithmétique. Mais le parcours quantitatif diffère du processus qualitatif. Le créateur refait le monde et par conséquent le temps. Selon Platon, le temps ressemble à une image mobile de l’éternité. Le créateur intervertit la comparaison platonicienne. Partant du détail, du particulier, du temporel, il s’ouvre à l’intemporel. Le concrès passe dans le domaine de l’abstrait, l’individualité se transforme en généralité, l’image va au delà de ce qu’elle est, elle se cristallise dans un symbole qui triomphe du temps. L’essence de l’art est inactuelle.Ce n’est donc pas l’ancienneté ou la nouveauté qui rend l’oeuvre d’art valable, mais la qualité d’une expression authentique dans la seule forme possible. L’oeuvre d’art prend de la valeur, lorsque sa forme exprime l’idéalité de sa conception, lorsqu’elle éveille en nous l’expré- rience esthétique, lorsqu'elle ouvre des nouveaux horizons. Nous vivons "une joie pure" («χαράν άβλαβή») selon l’expression d’Aristote car elle est "res severa verum gaudium", ainsi que le dirait Sénèque.

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