Ένα τρίπτυχο από τον παράδεισο του Δάντε

Part of : Χρονικά αισθητικής : ετήσιον δελτίον της Ελληνικής Εταιρείας Αισθητικής ; Vol.Β, No.1, 1963, pages 187-209

Issue:
Pages:
187-209
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Un triptyque du Paradis de Dant
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Les oeuvres littéraires suivent, côtoient ou précèdent les styles de leur époque, qui déterminent l’évolution des autres arts. Dans cet ordre d’idées, il y a lieu de se demander quelle est la place de la Comédie de Dante par rapport aux autres réalisations artistiques, au cours de la période de transition entre le Roman et le Gothique. La méthode à suivre, appliquée d’habitude aux arts figuratifs consiste dans l’étude du détail. Trois chants du Paradis, qui présentent une certaine unité, ont été choisis, notamment les chants XXIV, XXV et XXVI, respectivement dédiés aux trois Apôtres, Pierre, Jacques et Jean et aux trois vertus que chacun d’eux représente, à savoir la Foi, l’Espérance et la Charité. La parenté qui existe entre la structure de ces chants, et celle d’un triple bas - relief sculptural est manifeste.Les conclusions sur l’ensemble de l’oeuvre de Dante, auxquelles conduit l’examen esthétique des trois chants en question, soulignent la relation étroite qui existe entre la Comédie et l’évolution de l’architecture, de la sculpture et de la peinture en Italie, notamment à Florence. Les monuments gothiques ne manquent pas en Italie ; on remarque toutefois que le style gothique n’a jamais pu s’implanter et s’imposer en ce pays. A l’exception de la Madonina de Milan, construite d’ailleurs par des architectes et des ouvriers français (savoyards), le Roman est partout présent ; de plus, ce qu’on appelle le Gothique italien ou toscan est un Gothique abâtardi, limité et conforme à la mesure de ce pays méridional et deux fois ensoleillé, par le soleil du ciel et par celui des vives réminiscences classiques greco - romaines. Ce style, Florence en offre le meilleur exemple : le Dôme est supposé gothique, mais rien qu’à regarder la coupole démesurément grande que Brunelleschi lui a superposé, rien qu’à tenir compte de la dispersion des édifices du Dôme même, du Campanile et du Baptistère, on s’aperçoit combien cet « ensemble » est étranger à toute conception gothique. Il est vrai que le Campanile, considéré en soi, est un spécimen du Gothique le plus authentique ; il en est de même des bas - reliefs ajoutés autour du vieux Baptistère. Mais il ne s’agit là que de détails, et ce qui s’impose au contemplateur c’est le règne, du moins la survie, du Roman. Alors que le Gothique a subi en Italie de si grandes transformations, au point de n’être plus du Gothique, la Comédie de Dante apparaît dans l’ensemble, comme l’unique monument italien vraiment gothique : élévation, ornementation, apothéose finale où la Divinité se révèle dans toute sa gloire « en forme d’une rose splendide », constituent une cathédrale majestueuse qui pourrait être rangée à côté de celles de Paris, de Chartres ou de Cologne.Pourtant, la portée du génie de Dante serait amoindrie, si l’on s’obstinait à ne voir dans son chef - d’oeuvre qu’une expression gothique. Lors de sa visité à Paris, il eut certainement l’occasion d’admirer la beauté de Notre - Dame, et d’apprécier la révolution qu’elle signifiait en matière d’art ; mais il fréquenta aussi la Sorbonne, et fut même en contact avec des esprits éclairés. Il séjourna à Rome où la sobriété du Latran contrastait avec les exubérances gothiques, et où l’humilité équilibrée du vieux Pontife Célestin contrastait avec l’austérité monacale. Entouré des ruines d’un illustre passé, il y connut la haine, et fut victime d’une persécution cruelle. Ces expériences, n’ont pu que laisser leur empreinte sur sa vie et sur son oeuvre. Les doctrines de Saint Thomas, de Saint Dominique, de Saint François, tout comme le rationalisme et l’humanisme d’un Aristote, la vision à la fois glorieuse et pitoyable des Croisades, les nouvelles activités des Ordres monacaux cloîtrés, après leur exode vers le vaste Orient, — tout ceci a fécondé son imagination, de sorte que sa Comédie, tout en étant un éloge théologique d’expression gothique, est en même temps imprégnée des lueurs classiques de la Grèce, des aspects sombres de Byzance etc., et impose son auteur comme l’un des grands précurseurs de la Renaissance. On devrait, de ce fait, classer la Comédie non seulement parmi les monuments du Gothique toscan dont il vient d’être question, mais aussi parmi les oeuvres exceptionnelles, qui échappent à toute tentative de classification étroite, en se distinguant, isolées et grandioses, de toutes les autres réalisations de leur temps, éclairant l’avenir et le guidant même à chercher son orientation spirituelle, mais aussi, et avant tout, humaine.
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