Νεωτερισμός και παράδοση

Part of : Χρονικά αισθητικής : ετήσιον δελτίον της Ελληνικής Εταιρείας Αισθητικής ; Vol.Η, No.1, 1969, pages 141-147

Issue:
Pages:
141-147
Parallel Title:
Innovation et tradition
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Abstract:
Dans les pays de l’Europe, qui sont chargés de tradition, on a tendance à conserver les formes du passé ou bien leurs valeurs, et cela apporte des obstacles à la création de formes et de valeurs nouvelles. Sur le plan international de la vie moderne deux forces luttent l’une contrel’ autre, la mémoire historique, qui s’est développée jusqu’à l’hypertrophie, et l’idée du progrès, qui est devenue lancinante. Les musées où l ’ on emmagasine les objets d’art, la conservation des monuments historiques et même de villes entières, les bibliothèques pour les érudits, etc. sont dus à la mémoire historique. Ce n ’est qu’au Nouveau Monde que l’ idée du progrès a pu faire tabula rasa dans la mémoire pour tout recommencer par le commencement. C’est du progrès de la technique que provident aussi la tendance contemporaine d ’innovation incessante dans l’ art, qui cependant par sa nature est étranger au progrès.Le progrès de la technique et des sciences naturelles a rétréci le monde, a aboli les frontières économiques au moins, a cultivé l’idée d’ un style planétaire et la conception artistique internationale sur laquelle agissent deux facteurs : le dessin industriel et l’art abstrait. Le dessin industriel veut conformer tout produit de l’industrie aux possibilités de la machine; la machine a nié l’imitation des styles du passé et a guidé l’art industriel à la morphologie abstraite. Par ailleurs elle a influencé l’art moderne par sa fascination. Le mouvement dans la sculpture et dans la peinture modernes en sont le résultat. En plus les forms de l’art contemporain sont devenues fugitives, une apothéose du momentané, et n ’ont pas la prétention de durer éternellement. Même les œuvres de l’architecture sont remplacées par d’autres, dès qu’elles sont économiquement amorties. Une inflation d’œuvres est créée, dans laquelle régnent l’occasionnel et le provisoire. Aux époques créatrices on passait outre le conservatisme et la surcharge de la mémoire. Les Grecs, ayant confiance en eux-mêmes, après la destruction de l’Acropole par les Perses, ont bâti des nouvelles œuvres sur l’Acropole, tandis qu ’aujourd’hui nous rebâtissons les monuments du passé. Le grand art est-il mort, comme l’a prédit Hegel, ou bien pour l’ homme contemporain le passé est la dernière planche de salut, car comme l’apprenti sorcier il est entraîné à la destruction?En vérité l ’ homme se trouve aujourd’hui devant des évènements bouleversants. La masse remplace l’individu, tout s’adresse à la foule, la métaphore poétique est morte, puisque les symboles du langage des images se sont effacés et ne sont plus intelligibles. L’homme commence à apprendre un nouveau langage de symboles abstraits qu’il ne comprend pas encore et qu’il ne comprendra peut-être jamais; il se meut dans le chaos d ’un monde en génèse; il s’exprime par des formes énigmatiques, des formes pythiques. Les oracles que nous connaissions se sont tus, d’ autres que nous ignorons encore vont peut-être surgir. Peut-être les prêtres Égyptiens auraient-ils dit à l’homme d’aujourd’hui la meme phrase qu ’à Solon : «vous, les Grecs, vous êtes toujours des enfants», faisant ainsi allusion à leur manque de conservatisme et à leur élan vers des créations toujours nouvelles. Ce serait une consolation pour nous. Mais s’ils nous disaient : vous, hommes, ne savez plus jouer et c’est pourquoi vous cherchez toujours du nouveau, ce serait la condemnation de notre civilisation.Aujourd ’ hui, grâce à l’historicisme, notre goût de l’art s’est élargi et nous estimons tous les styles du passé. Nous vivons dans les musées, tandis que la Renaissance considérait les œuvres médiévales comme «barbares». C’est peut-être un appauvrissement de notre goût. Le gout contemporain est très subjectif, instable et changeant, sa préférance la plus prononcée est l’innovation. C’est un goût qui n’est pas sélectif, s’abandonne au hasard, ne vise à se délecter que de ce qui est en état de génèse, ce qui est informel et ne se répète jamais pour être perfectionné, mais qui conserve ainsi le charme de la spontanéité.
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