La Fraterna Societas des crétois Nikolaos et Géôrgios Pôlos (Polo), entre Constantinople et Moncastro : affaires, dévotion et humanisme

Part of : Θησαυρίσματα ; Vol.39-40, 2009, pages 111-228

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111-228
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L’identité de l’archonte kyr Géôrgios Polos qui, en 1464, sollicita du patriarche de Constantinople Sophronios Ier une lettre encyclique authentifiant des reliques, a conduit à décréter la falsification du document en question. Les archives vénitiennes, en particulier les archives notariales crétoises, permettent cependant de résoudre le problème: le personnage était en effet un Grec de Crète portant le patronyme vénitien bien connu de Polo. Issus d’une famille de simples tonneliers à Candie, les frères Géôrgios et Nikolaos Polos, liés par une fraterna societas, émigrèrent au début des années 1430 pour s’installer, le premier à Moncastro et le second à Constantinople. Leur association d ’affaires à partir de ces deux métropoles, qui devait durer jusqu’en 1453, fut si fructueuse qu ’elle leur permit de s’élever socialement bien au-dessus de leur condition. C’est ainsi qu ’à Constantinople, Nikolaos épousa en 1449 une aristocrate byzantine, tandis que de son côté, Géôrgios épousait en Moldavie, du moins à ce qu ’il semble, une noble de ce pays. La chute de Constantinople en 1453 mit une fin brutale à leur association ainsi qu ’à leur ascension sociale. Fait prisonnier par les Ottomans avec son épouse et leur familia, Nikolaos dut acquitter pour leur libération une somme énorme, tandis qu ’il perdait dans la catastrophe la majeure partie de ses biens. Il retourna alors en Crète où tous ses ef forts pour restaurer ses finances dans l’activité commerciale furent réduits à néant par une série de malchances. Vers 1470, poursuivis par ses cré anciers, il finit par quitter définitivement Pile. Il s’installa alors à Venise, en dépit de l’amertume qu’il éprouvait depuis des années à l’égard de la Sérénissime, dont il jugeait la politique vis-à-vis des Ottomans, longtemps aveugle, responsible de ses revers de fortune. En 1477 Nikolaos tenta ainsi de persuader l es stradiotes grecs au service de la République de refuser leur transfert en Albanie. Mais ses lettres furent saisies par les autorités: accusé de haute trahison, il échappa de peu à une condamnation. Quant à son frère Géôrgios, demeuré à Moncastro, il profita de son statut de sujet du voivode moldave et île la guerre vénéto-ottomane (1463- 1479) pour commercer directement dans la capitale ottomane. 11 était mort lorsque Moncastro tomba à son tour aux mains des Ottomans en 1484: à cette occasion sa veuve et ses filles furent prisonnières, tandis que son fils Iôannès, se réfugia en Europe occidentale pour obtenir leur rançon de la générosité de plusieurs souverains. Rome, l’Allemagne, les Flandres, mais aussi la France et l’Angleterre virent passer Iôannès Polos au cours de ses errances, comme l’attestent les archives de ces contrées. Son nomest surtout lié à la circulation des manuscrits entre Orient et Occident.
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