Μεταναστεύσεις Ελλήνων στον Καύκασο κατά τον 19ο αιώνα
Part of : Δελτίο Κέντρου Μικρασιατικών Σπουδών ; Vol.10, 1993, pages 91-172
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Pages:
91-172
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Emigrations de peuplades Grecques vers le Caucase au cours du XIXe sicle
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Articles
Abstract:
Les témoignages dont nous disposons concernant l’existence des grecs surla côte est du Pont-Euxin, même après l’invasion turque de la région, sont peunombreux. En revanche, ceux qui foisonnent à partir du XVIIIe siècle seréfèrent à l’arrivée de mineurs grecs, surtout dans le royaume de Géorgie, etprovenant de l’arrière-pays du Pont (régions d’Argyropolis-Gümüschane etd’Erzéroum -Théodosiopolis). Par ailleurs, ces informations concernant lescontacts entre les souverains de Géorgie et quelques centres monastiques del’hellénisme sous occupation turque, ou les visites de hauts dignitaires écclésiastiquesen Géorgie orientale, renforcent l’idée du maintien, aussi insignifiantfût-il, d’un certain niveau de relations spirituelles mais aussi économiques.Cependant, l’évolution politico-économique ultérieure des grecs du Pont etleurs relations avec le Caucase a été directement influencée par deux facteursexternes très importants et, d’une certaine façon, liés entre eux. Premièrement,l’ouverture du Détroit des Dardanelles, d’abord pour le compte de la flottemarchande russe (Traité de Kutchuk-Kainardji - 1774), et ensuite pour celui dela flotte européenne (Traité d’Andrinople - 1829), par conséquent le prolongementdu commerce européen en Mer Noire. Deuxièmement, la conquête progressivedu Caucase par les Russes.C’est grâce au Traité d’Andrinople, aux accords anglo-ottoman de 1838 etanglo-perse de 1842 que fut réouverte pour le commerce occidental la routecommerciale historique des caravanes, qui unissait Trébizonde à Tabriz enPerse, en passant par Erzéroum.Ces régulations intervenues en même temps que débuta la période desréformes ottomanes (Tanzimat - 1839), assuraient aux minorités religieuses del’Empire une relative securité et une plus grande liberté de mouvement. Ellesdonnèrent la possibilité aux grecs, même uniquement en tant qu’intermédiairescommerciaux, de développer une activité économique considérable, surtout àpartir de la deuxième moitié du XIXe siècle.A l’inverse des villes côtières du Pont dont le développement était prometteur,la région métallifère d’Argyropolis fut condamnée à un déclin économiqueirrémédiable après la fermeture progressive de ses mines (fin XVIIIe) et l’exode d’une grande partie de sa population chrétienne, aussi bien vers d’autresrégions métallifères de toute l’Asie Mineure que vers le nord du Caucase.Malgré tout, les installations grecques dans les provinces caucasiennes,n’ont pas été d’une grande importance, du moins jusqu’au début du XIXesiècle.Dans cette étude, je tente de préciser les diverses raisons qui ont alimenté lecourant migratoire des Grecs vers le Caucase au cours du XIXe s., ainsi que lesfacteurs qui ont contribué à sa résugence ou à son déclin. Je tente également dedégager une image démographique des hameaux grecs dans la Transcaucasieau début du XXe siècle.Ceci dit sans occulter la bibliographie déjà existante, ma recherche provientpour la plus grande partie de sources diplomatiques grecques, britanniques etfrançaises, ainsi que de travaux russes et géorgiens, dont le contenu avait étéjusqu’ici inexploité. Les données ottomanes restant inaccessibles, j’ai essayéjusqu’à un certain point de pallier ce manque à l’aide d’informations directesque j’avais à ma disposition.Les émigrations des grecs du Pont vers le Caucase pendant la période étudiéesont liées:1) au changement de régime dans la région, c’est-à-dire la prise progressivedu pouvoir par les russes,2) aux tentatives systématiques des nouveaux dirigeants (depuis la fin de laguerre de Crimée) pour sauvegarder leur nouvelle situation en essayant dansun premier temps d’attirer des colons chrétiens (grecs et arméniens) provenantdes territoires ottomans voisins et, dans un deuxième temps, de refouler vers lesrégions perses et ottomanes les populations musulmanes ennemies (Tatars deCrimée, Circassiens, Abkhazes, Lazes...),3) aux problèmes démographiques, économiques et sociaux provoquésdans les régions frontalières du Pont par l’arrivée de centaines de milliers deréfugiés musulmans miséreux.C’est donc dans ces circonstances que l’on doit examiner l’exode de plus de100.000 grecs du Pont vers le nord de la Russie, et surtout vers le Caucase àpartir du début du XIXe s. jusqu’en 1882. La saignée démographique à étéparticulièrement sensible dans l’arrière-pays pontique, c’est-à-dire dans les régionsde Néocesarée, de Chaldie et d’Erzéroum, qui ont été privées d’unegrande partie de leur population productive. Est également important le nombrede familles qui quittèrent les côtes ouest, les régions d’Ordou, de Samsun etsurtout de Raffra (célèbre pour ses agriculteurs spécialisés dans la culture dutabac), et la région de Trébizonde.Il est également important de rappeler les exodes légitimes des «Cryptochrétiens» de Cromni, et des ouvriers spécialisés dans le bâtiment, provenantdes régions stériles et montagneuses du Pont oriental, en particulier de Santa.Les exodes continuèrent à un rythme plus ralenti jusqu’au début du XXesiècle. En raison, bien sûr, de ces émigrations internes continuelles sur le territoirerusse, les éxilés grecs contribuèrent à l’extension du caractère hellénique danspresque toute la Transcaucasie et le Caucase, surtout sur les côtes est de la MerNoire, dans les cités et dans l’arrière-pays de Géorgie, d’Abkhazie et d’Arménie.D’après le estimations les plus modérées, l’hellénisme du Caucase au débutdu XXe siècle seulement, a dû dépasser les 150.000 personnes.La Sublime Porte ne semble pas s’être inquiétée, du moins au début, destendances migratoires de la part de ses sujets chrétiens. Cependant, particulièrementau niveau régional (le Pont), l’attitude des ottomans fut influencée parles interventions dissuasives des représentants du monde occidental. Lesconsuls britanniques, entre autres, observaient les efforts des russes visant àconsolider leurs positions dans le Caucase. Ils firent alors observer aux dirigeantsottomans que «l’échange» de populations pourrait avoir des conséquencesnégatives pour eux.Le Consulat grec, qui avait commencé à fonctionner normalement à Trébizondeà partir de 1849, n’avait pas de politique spécifiquement claire concernantles émigrations grecques vers la Russie. Son attitude, comme le montrentles rapports des consuls de l’époque, fut déterminée par les relations entre laGrèce, la Russie et la Grande-Bretagne. Les vices-consuls grecs alignèrent toutd’abord leur politique sur celle de leurs collègues russes afin d’encouragerl’émigration des grecs du Pont vers le Caucase. En revanche, après la guerre deCrimée, ils doublèrent leurs efforts pour convaincre les émigrants qui suivaientde rester dans leurs foyers patrimoniaux.Les inquiétudes des diplomates grecs, partagées par les dirigeants descommunautés helléniques du Pont, sont lieés au climat général de peur quis’était emparé de la haute société grecque, en Grèce et dans l’Empire Ottoman.En effet, la crainte d’un nouveau joug surgit lorsque les russes commencèrentà mettre en avant leur indubitable volonté expansionniste à l’égard desbulgares. Ces angoisses étaient également renforcées par l’évidente politiqued’assimilation qu’appliquait le régime tsariste envers les émigrants grecs. C’estdans ce contexte que semble avoir mûri l’idée de l’établissement des grecs duPont en Grèce, surtout grâce aux perspectives d’avenir que permettait l’annexionde la Thessalie à l’État grec (1880-1881).
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