Ό σταυρός στους διαφόρους κλάδους του έλληνικού εθιμικού δικαίου

Part of : Επετηρίς του Κέντρου Ερεύνης της Ελληνικής Λαογραφίας ; Vol.26-27, 1981, pages 3-214

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3-214
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La croix dans les différents domaines du droit populaire hellénique
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Le droit coutumier ou populaire est considéré, en général, comme le produit et l'essence de l'expérience historique du peuple et une source importante de renseignements sur le droit écrit ou officiel. Il exprime les perceptions principales du peuple en matière de règlement des relations et des problèmes et constitue, d'une certaine manière, la composante de la volonté collective de la société créatrice Plusieurs dispositions du droit populaire puisent dans des croyances, et des perceptions bien ancrées dans le coeur du peuple dont les origines se perdent dans les ténèbres de la préhistoire et de l'incoscient. Pour cela, son interprétation aujourd'hui se présente extrêmement difficile comme pour la majorité des manifestations de la vie populaire et culturelle. Dans la présente étude, je m'efforcerai d'interpréter certains aspects du droit coutumier hellénique qui se caractérisent par la forte présence du signe de la croix, qui à notre avis, est un symbole-clé pour suivre la trace, la découverte de plusieurs manifestations de la vie du peuple. La présence de la croix, (vive dans plusieurs manifestations de la vie humaine) sous ses diverses formes (objet, référence orale, signe de la croix) est fréquente dans plusieurs sujets du droit coutumier ou populaire hellénique en revêtant une forme qui semblerait toucher aux origines ou à la force motrice de son existence et de son développement. Sa présence nous procure un faible rayon conducteur ou le fil de la découverte de la naissance du droit en lui même. On suivra l'apparition du signe de la croix dans les différents 'domaines du droit populaire. A. Droit familial. La présence de la croix aux événements de la naissance, du mariage et des fiançailles, a été commentée dans notre livre «Art et vie. Représentations sur les bâtiments de l'île de Symi», Volume A, «Le signe de la croix», Athènes 1980, pages 114-273, qui traitait de cette même présence dans la vie sociale de notre peuple. Dans cet ouvrage on examinera la présence et la signification de la croix dans les domaines essentiels du droit familial populaire, la cérémonie de fraternisation et les contrats de mariage. a. La cérémonie de la fraternisation. La fonction de la croix semble être determinante et essentielle pour l’ établissement de ce lien. 1. En général. La fraternisation, dont les origines semblent remonter au fond de la préhistoire, est considérée comme une institution universelle, fondée sur des croyances, en des forces surnaturelles existances dans le corps humain (p.e. orenda, mana, «thymos») ou hors de celui-ci (dieux, daimons, âmes des ancêtres, esprits). Le rituel de la cérémonie de fraternisation se fait de diverses façons (mélange ou autre utilisation du sang, échange d'armes, d'habits ou de présents, serment, rituel, ecclésiastique). Durant cette cérémonie on invoque la présence des forces surnaturelles, qui constitue le maillon à l'aide duquel s'unissent les initiés d'un lien de parenté surnaturel. Par conséquent, tous ces procédés et rituels avaient comme but d'établir ce lien de parenté surnaturelle ou magique, qui, selon les conclusions de diverses études ethnologiques, constitue le seul lien de parenté acceptable par les hommes primitifs. Selon la théorie de G. Davy, la fraternisation établie par le melange du sang est le précurseur du contrat libre, fait, qui découle clairement des témoignages des auteurs anciens et de l'étude des termes plus récents du Droit Romain (obligatio, nexus, jusjurandum, sponsio). Selon la théorie de M. Thurnwald, deux conditions sont nécessaires au développement de l'institution de la fraternisation: d'un côté une grande indépendance de la part de l'individu, accompagnée d'insécurité, et de l'autre côté une pensée primitive, sur laquelle répose le mélange du sang et autres rituels similaires. Quand ses préalables ou conditions disparaissent, l'institution se dégrade. Cette dégradation est visible en retrassant son sillage historique qui commence de l'antiquité, traverse le moyen âge théocratique et mystique jusqu'aux temps récents, durant lesquels la fraternisation fleurit sur les territoires grecs occupés par les Turcs et parmi les étrangers. Après la liberation de la Grèce l'application de lois, la prolifération de l'enseignement et le change ment des structures, l'institution se dégrade progressivement. Son interdiction imposée par l'État et l'Église contribue aussi à son marasme. Il semblerait que la coutume de la fraternisation artificielle était déjà présentée dans l'espace géographique Grec et celui d'Asie Mineure, depuis le temps d'Homère. La dégradation de sa présence était le résultat des changements socioculturels et nous pensons que la fraternisation a continuée à exister dans les populations agricoles et bergères jusqu'au 20ème siècle. On voudrait souligner que les diverses structures socio-culturelles qui caractérisent une époque et contribuent au développement des formes ne peuvent pas être limitées par des notions très vastes et des grands traits-cadres comme p.e. l'indépendance de l'individu, ou la manière de pensée primitive etc. parce que cela constituerait le point de vue d'un chercheur provenant d'une structure socio-culturelle différente. Celles-ci tont des notions pluridimentionnelles et de multiples profils qui ont une multitude de fondements phsychiques, religieux et cultuels. On doit examiner ce phénomène sous cet angle et nous pensons que du point de vue socio-culturel, compte tenu de l'époque de son apparition, il constitue le produit d'une pensée précise et organisatrice. On retrouve les noyaux de cette pensée dans les phénomènes socio-culturels de nos sociétés. 2. Noms relatifs à Vinstitution. La présence de la croix est apparente dans le vocabulaire, aux noms propres indiquants les initiés de la fratermisation et les membres de leurs familles. Dans ce cas, la croix fournit aux initiés et à leurs frères un nom, ou phénomène très fréquent et constitue le premier composant de leurs noms. 1- La croix et l'appellation des initiés. I. Les initiés de la fraternisation et leurs frères. Le nom «stâvros» en remontant l'accent d'une syllabe du mot croix «stavrós», signifie l'initié, tandis que le nom «stavris» est utilisé pour designer les frères des jeunes gens qui s'unissent par un lien de fraternisation. . Le nom de la croix est plus fréquement utilisé comme le premier composant des noms des initiés ou de leurs familles. Ainsi les initiés sont appelés «stavradélphia», «stavradelpki», «stavradelpht » (frères de croix), «stavrocouniadoé» (beaufrères de croix), tandis que les femmes initiées «stavradélphes» ou «stavradélphés» (soeurs de croix). Le terme de «stavradelphi» ou «stavradélphi» signifie aussi la fille qui a joué un rôle de protagoniste (prépondérant) et dont la présence était indispensable à la fraternisation entre hommes. Les parents de la fille sont appelés «stavropatéras» et «stavromitéra». On emploie le même nom de stavropatéras ou stavromâna pour les parents des fraternises, ainsi que pour leurs familles (stavradelfos, stavradelfi, stavrocouniados, stavrocouniâda etc). II. La croix comme préfixe des appellations de la fraternisation artificielle. Noms des fraternises et de leurs familles. Le fils de la ou du fraternisé s'appelle stavroyiós tandis que les oncles et les tantes du fraternisé stavrobarbas et stavrothia. Les bratimi (coubari) et les «dirpouftês» du mariage surnomment les parents des jeunes mariés stavropatéra et stavromâna. De la même façon sont surnommés par les jeunes mariés les parents du «vlâmi» (homme d'honneur). 3. La présence, réelle, intellectuelle et le signe de la croix au sein de V institution. La croix existe dans la fraternisation artificielle comme objet et comme opération, action — «crucification» — de faire le signe de la croix en correlation avec l'instant pendant lequel se déroule le rituel et s'établit le lien. On rencontre la croix autant qu'acte durant la crucification par le prêtre des fraternises avec la sainte ceinture à l'église. 4. Motifs d'emploi de la croix. Les différentes formes et modes du rituel de la fraternisation artificielle ainsi que l'instant exact auquel elle se déroule, dessinent les grands traits de l'institution et nous permettent d'établir la relation entre la croix et l'institution de la. fraternisation sous deux aspects: la forme de l'usage—acte et la forme de son utilisation pour s-urnommer les initiés et leurs parents. Porteurs- créateurs. Les origines des porteurs. Justification de l'institution. Pendant l'occupation turque, l'institution a servi à renforcer les liens entre les individus de la fraternisation artificielle qui après devinrent «homes du fusil». Aux temps les plus anciens, elle constitue une cérémonie d'admission au sein du genre et d'initiation au culte. Nombre de participants au rituel et leurs genres. Α l'origine, les fraternisants, pouvaient être de sex masculin ou féminin. Mais, aux temps les plus récents, les hommes principalement étaient impliqués à cette institution. Cependant, le personnage principal, l'initiateur, appartenait au sex opposé. Ainsi une fille était présente à une cérémonie entre hommes et un garçon à une cérémonie entre femmes Le rituel de la formation de liens par Vintermédiaire de la frrternisation. Formes de rituel. Les formes de rituel ou la formation de liens par l'intermédiaire de la fraternisation se présente ainsi: a. Mélange de sang. De cette façon, soit il y a mélange de sang des fraternisants par l'ouverture des veines du bras, soit les fraternisants goûtent au sang de l'autre. Ainsi s'établit un lien qu'on considérait plus résistant que celui, qui unit les frères naturels. b. Forme religieuse ou ecclésiastique. C'est une forme rituelle très commune qui a lieu à l'église avec la participation du prêtre, qui donne la bénédiction appropriée ou, sans lui, à l'aide de l'évangile. VA l'époque, quand le sentiment religieux était beaucoup plus intense, on considérait que la forme religieuse unissait les fraternisants d'un lien plus fort que celui qui unit les frères naturels. Il existe une grande varieté de formes de fraternisation. c. Procédé magique - symbolique. - Bien que des éléments symboliques ou magiques interviennent dans toutes los formes de fraternisation, dans le cas où elle s'accomplit par l'intermédiaire d'échange de vêtements, spécialement de chemises, d'armes ou de cadeaux on qualifie la fraternisation de symbolique-magique. Il s'agit là d'une formation de liens solides et amicaux entre «étrangers» comme en Grèce du temps d'Homère. d. Par Vintermédiaire des armes. Les fraternisants allaient à l'église armés pour prêter serment. A l'époque l'emploi des armes était sanglant et parfois mortel. e. Procédés plus simples - procédés mixtes. Il y a des façons plus simples pour procéder à la fraternisation. Souvent, les formes mentionnées ou certains de leurs éléments s'entrelacent et se présentent mélangées en donnant naissance à des procédés de fraternisation artificielle mixtes. On doit enfin signaler que dans certaines régions la fraternisation a abouti à une sorte de contrat ou d'accord. De plus, le rituel de la fraternisation constitue un rite de passage et d'initiation au système social et cultuel de la tribu. II. Périodes pendant lesquelles a lieu la fraternisation. Bien qu'il semble qu'une attention spéciale n'ait pas été portée sur les périodes où la fraternisation se déroulait, ils existent cependant dans plusieurs cas des témoignages, selon lesquels la cérémonie-initiation se déroulait durant la Saint Théodore, Lazare, et la fête des Rameaux, les fêtes de Pâques, la Saint-George, la Saint Jean et le 1er mai. Dans ce cas on enregistre soit l'utilisation directe de la croix ornée de fleurs ou le signe de la croix, soit la présence indirecte de la croix par l'intermédiaire p.e. du rituel des messes du Jeudi Saint, qui provient de l'utilisation directe de la croix. Ainsi, la fraternisation semble étroitement associée à la croix et à la crucification: les éléments du rituel nous conduisent directement aux rituels secrets des cérémonies de la mort et de la resurrection (renaissance), propres aux cultes qu'on rencontre dans l'Est du bassin Méditerranéen: Dieu mourant et Grande Déesse: Adonis, Attis, Dionyssos, Osiris, Tamur, Baal, Marduk, Rea - Cybèle, Aphrodite, Isis, Astarte etc. et aux rituels du mariage sacré, de la tribu - genre, et de l'initiation - admission des jeunes à la vie en commun. Dans cette étude on examine un ensemble d'éléments très riche en informations concernant les fêtes et leurs rituels, le mariage, les fiançailles et le dot qu'on essayera de commenter, interpréter et associer, selon notre avis, au rôle conducteur de la croix, qui comprend la croix en tant gardienÇsymbole de la propriété ainsi qu'initiateurÇélément d'admission au sein du genre-tribu et de la vie en commun. : Pour conclure, nous pensons qu'on doit rechercher l'interprétation de la coutume de la fraternisation artificielle, qui doit être examine sous cet angle et cet aspect, ainsi que des sujets du dot et des bannières qui s'entrelacent et sont parties constituantes d'un rituel qui concerne l'admission des jeunes dans la vie communautaire, quelque chose d'analogue au clan «stavropatéras », «stavromana». La fraternisation artificielle est liée, comme nous avons déjà mentionné, à des rituels connus ou, pour mieux le dire, la coutume de la fraternization est une forme de rituel qu'on rencontre dans d'autres rituels ou plutôt il s'agit d'actes rituels semblables (Saint-Théodore, Lazare, Dimanche des Rameaux) qui ont perdu une partie de leurs identités, se sont différenciés et se sont développés selon les besoins adoptés et imposés chaque fois par la structure socio - culturelle qui les a créés.• Nous pensons que les différenciations et la dissemination dans l'espace et dans le temps doivent être attribuées au fait que les rituels apparaissent à des périodes différentes, c'est à dire qu'ils revêtissent une vaste période de temps. Un rite de passage des jeunes dans la vie en commun (religion - culte, société) sous - entend un rite qui semble conduire aux festivités d'initiation de la tribu, aux sociétés d'initiation du clan etc., qui s'entrelacent avec la propriété tant necessaire pour l'aspect biologique et socio-culturel de la vie. La présence de Zeus Herkeios (Dieu protecteur et gardien du foyer) et d'Apollon, dieu titulaire de la famille, ainsi que des tombes familiales constituent des éléments nécessaires à leur rôle au sein de la municipalité. La propriété dans le cadre du genre et de son culte, constitue un cadastre et une liste municipale, assure la liberté d'action des propriétaires, protège leur droits sociaux et cultuels et les approvisionne. De cette façon, au sein de cette société agricole, ils s'assuraient de la bonne saison pour les fruitsbonne récolte et du culte (de la terre et des ancêtres). La garde et la protection de la propriété se faisait avec l'utilisation de la cloture de la croix et du signe de la croix. En plus de son utilisation comme gardien de la propriété, si essentielle pour l'individu, la croix revêt différents caractères symboliques et atteint son apogée aux temps du christiamisme. Les jeunes initiés pour adhérer au culte, au sein de la société, doivent avoir le «signe» de la peoprieté foncière, la croix. De même la bannière pour la marié. Au cas où il n'aurait pas de bannière le mari doit avoir un dot. Il se peut qu'une combinaison soit nécessaire (propriété foncière-dot, étendard-signe). Le «signe», la croix et les «signes» (fichu, fil rouge, fil de coton, bague, florin, pièces en or etc.) qui s'entrelacent avec cette conception du rite de l'initiation ainsi que les objets plus récents et d'une conception différente (écharpe), propres à leur époque d'origine, nous mènent aux mêmes conclusions. En plus, n'importe quelle propriété ou son symbole est étroitement liée à l'admission des jeunes au sein du genre ainsi qu'avec leur participation dans la communauté et l'exercice du pouvoir. Ainsi le poteau - croix, dont l'utilité pratique consistait au cloisonement et à la garde de la propriété, et qui consituait un élément essentiel pour l'admission au sein du groupe et de la société, est devenu le représentant et le symbole de la propriété. Par la suite, le poteau-croix a été déifié et a été employé comme marque de propriété des champs. La fraternisation semble fondée sur une institution nécessaire au le fonctionnement du groupe social, de la tribu et du genre. Par la suite, elle a évolué vers une institution libre à cause de la modification des structures sociales et religieuses ainsi que des structures du culte, en revêtant un caractère de soutien et de confrontation des situations difficiles de provenance multiple. On ne peut conclure qu'il s'agit là d'un produit de la pensée primitive. Nous pensons que, cette disparition n'a pas été immédiate mais que certaines formes ont perdu progressivement du terrain puisque elles n'étaient plus nécessaires et compréhensibles. A leurs places, d'autres formes ou variations ont émergé selon les structures sociales, les priorités de la société et la dimension donnée à la vie quoditienne, aspects, qui font la coutume paraître différente. Il paraît évident que des extensions ou des concepts secondaires se soient développés et ont pris ensuite la place des formes essentielles quand les dernières ne pouvaient plus accomplir leurs fonctions à cause des changements de la vie socio-culturelle. Le besoin de compléter les formes initiales a eu comme résultat le développement de branches latérales.
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