Το φανταστικό στοιχείο στη βυζαντινή ζωγραφική του 16ου αιώνα

Part of : Δελτίον της Χριστιανικής Αρχαιολογικής Εταιρείας ; Vol.34, 1992, pages 239-252

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Pages:
239-252
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La fantastique dans la peinture byzantine du XVIe siècle
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J 'ai observé pour la première fois des éléments de fantastique dans la peinture de Frangos Catélanos et, plus particulièrement, dans la masse des nuages-véhicules aériens transportant les Apôtres dans la composition de la Dormition de la Vierge au Catholicon du Monastère de Barlaam, de 1548, aux Météores. Intéressé par ce problème j'ai entrepris une petite recherche, tant pour les antécédents éventuels que, plus généralement, pour la peinture byzantine du XVIe siècle. J'ai ainsi retrouvé un nombre important d'éléments fantastiques, presque aussi expressifs ou dramatiques que chez Frangos Catélanos, dans la masse des nuages qui transportent les choeurs des Justes dans le Jugement Dernier, sur le mur est du narthex du Catholicon du Monastère de Dilios (Stratigopoulos) de 1543 dans l'île du lac de Jannina. C'est surtout dans les nuages et dans ces deux compositions que sont localisés les éléments fantastiques. J'ai encore retrouvé des éléments fantastiques en plus petit nombre, moins tourmentés — survivances plutôt et souvenirs de personnifications hellénistiques — dans l'oeuvre des peintres crétois du XVIe siècle, en commen çant par la première décoration murale de Théophane, en 1527, au Monastère de Saint-Nicolas Anapavsas aux Météores, dans le narthex. Là ces éléments figurent dans les nuages de la composition du Jugement Dernier. On en trouvera aussi dans les peintures «Cretoises» du XVIe siècle aux monastères de Lavra (Jugement Dernier) (1535), de Dionysiou (1547), de Koutloumoussiou (1540), de Docheiariou (1568) au Mont-Athos, ainsi que dans les peintures de 1552 du Nouveau Catholicon de la Transfiguration des Météores; et également dans certaines icônes grecques ou russes des XVe et XVIe siècles. Ces éléments fantastiques seront plus rares, très conventionnels et schématiques dans certaines peintures murales et icônes, pendant le XVIIe et le XVIIIe siècle. Ce genre d'éléments est introduit plutôt comme des personnifications — sous l'influence de l'art de la fin de l'Antiquité — et pour la première fois à ma connaissance, au XlVe siècle dans les peintures de la Perivleptos de Mystra (1360-1370). Les «Cretois» du XVIe siècle reprennent modérément cette tradition et l'appliquent sans la développer et sans modifications. L'art byzantin n'avait pas représenté de nuages au moins jusqu'au Xle siècle. Il commence à les introduire timidement à cette époque et dans certains sujets iconographiques, pour résoudre des problèmes de composition, en contredisant ainsi ses propres fondements théoriques. Dans l'art du Moyen Âge occidental et sous l'influence des arts islamique, chinois ou d'Asie centrale bouddhiste, ces éléments fantastiques apparaissent dans la masse des rochers et des montagnes, dans le feuillage ou les plumages, dans les tourbillons de l'air, sur les corps humains ou ceux d'animaux, dans les contours des objets. Ils habitent dans la masse de ces éléments, s'imbriquent entre eux et se présentent comme des monstres hybrides et imaginaires, comme des masques humains ou d'animaux. Ils expriment des fantasmes, des craintes, des mysticismes et des exorcismes, des augures et des messages, parfois très personnels. Mais, curieusement, dans l'art médiéval de l'Occident, dans celui de l'Islam ou de l'Asie bouddhiste, les nuages, pour des raisons non ressenties très clairement, ne sont jamais — à ma connaissance — habités par des monstres fantastiques. C'est dans l'art byzantin du XlVe siècle — et cela très timidement — et dans celui des débuts de la Renaissance (chez Mantegna par exemple) que les nuages servent d'habitacles pour les monstres ou de personnifications exprimant des messages. Dans l'oeuvre de Frangos Catelanos ou encore et à un moindre degré dans l'oeuvre du peintre de Saint-Nicolas Dilios, de Jannina, il s'agit de la reprise d'une tradition du XlVe siècle, mais développée et modifiée. Les peintres, en commençant par s'inspirer de conventions déjà «classiques», arrivent à exprimer des angoisses personnelles ou collectives, des fantasmes, des craintes et des signes apotropaïques. Ils y représentent des créations de leur imagination troublée qui laissent apparaître un côté mystique et secret de leur personnalité. Ils font partie ainsi de cette catégorie de peintres européens à l'inspiration bouillonnante qui, en pleine Renaissance et en plein renouveau de l'antique, reprennent — et au même moment — des idées et des visions mystiques, survivances moyennâgeuses qui altèrent, avec le baroque, leur nouvelle idéologie ou vision esthétique «classique». Ils se rapprochent, curieusement, de peintres du XVe et XVIe siècle irano-islamiques qui expriment — à la même époque et par des moyens très ressemblants — la même quête du mystique, de l'imaginaire et des fantasmes personnels.
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