Περί τής κατά το εαρ αιώρας εις τον έλληνικον καί τους λοιπούς λαούς τής χερσονήσου του Αίμου

Part of : Επετηρίς του Κέντρου Ερεύνης της Ελληνικής Λαογραφίας ; Vol.22, 1969, pages 113-134

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113-134
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Le balancement printanier chez les Grecs et d'autres peuples de la péninsule balkanique
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Cette coutume était encore récemment répandue dans tout le monde grec sur le continent et dans les îles, de même que chez les Grecs d' Asie Mineure, du nord et de l'est de la Thrace, réfugiés en Grèce depuis 1922. Ce balancement se pratiquait surtout à partir du dimanche de la Résurrection (Jour de Pâques), du lundi ou du jeudi ; il durait une semaine, c' est-à-dire jusqu' au dimanche de l'apôtre Thomas, ou jusqu' à l’ ascension ; il avait lieu tous les samedis soirs, les dimanches et aussi pendant les fêtes ; ainsi, partout en Grèce, c' était pour la Saint Georges. On installait l'escarpolette dans la cour de la maison, dans la rue, ou sur la place du village, parfois même hors de celui-ci, dans la campagne. On la suspendait aux branches d'un arbre (fig. 1). Quand on se balançait dans la maison on se servait des poutres du toit. Cet usage était, également, répandu chez les peuples voisins des Grecs : Albanais (fig. 2), Bulgares, Yougoslaves, ainsi que chez les Roumains, les Russes etc. pendant la période pascale, et plus particulièrement pour la Saint Georges en Albanie, en Bulgarie et en Yougoslavie. Ce balancement était surtout dévolu aux jeunes filles et aux jeunes gens, mais les jeunes filles, principalement, s' asseyaient sur la balançoire. En Grèce chacun des jeunes gens presents devait pousser la balançoire où était assise la jeune personne à laquelle il était, le plus souvent, lié par un sentiment amoureux ; ce faisant, chacun chantait à tour de rôle des chansons propres à la circonstance, dans lesquelles ils se louaient réciproquement et exprimaient leurs sentiments (voir ci-dessus la musique, p. 119). Ainsi, cet usage se présentait comme une joyeuse fête entre les deux sexes. Cependant, en d'autres endroits de la Grèce et des Balkans (surtout en Bulgarie et en Yougoslavie) il pouvait revêtir un aspect rituel et religieux, voire magique, destiné à attirer la clémence divine : fertilité du sol, du bétail etc. expulsion des serpents et des autres êtres malfaisants de la maison, preservation de la santé des membres de la famille etc. Quant à l'origine historique de ce rite, l'auteur fait remarquer qu' il existait déjà à l'époque préhellénique. Ceci est attesté par la découverte d'une balançoire de terre cuite provenant d'HaghiaTriadaen Crète (fig. 3) et datant de l'époque minoenne récente (1400 - 1100 av. J. Ch.). Sur l'escarpolette, suspendue par deux cordes à deux arbres—mâts, se balance (du moins le suppose-t-on) la Déesse - Mère, accomplissant ainsi un acte susceptible de promouvoir la fécondité. Dans la Grèce antique, après l'époque minoenne, la balançoire appellee Aiôra (Αίώρα), est citée dans le monde ionien, de même qu' à Athènes, en Attique, et surtout au dème d' Icaria. A Athènes, durant les Anthestéries (fête printanière de trois jours en l'honneur de Dionysos) les jeunes filles se balançaient en chantant, entre autres, une chanson spéciale, appelée Άλήτις, c' est - à - dire la chanson de l'errante, en l’ honneur de l'Erigone. Il en était de même en Icaria. Parfois, au lieu de jeunes filles, on faisait osciller, aux branches des arbres, des statuettes de terre cuite. Ceci se passait également à Icaria. Outre les sources littéraires relatives à ce rite nous citons quelques représentations sur des vases attiques (5e,4e siècle) (fig. 4. 5. 6). Fig. 4 : un satyre est prêt à pousser l’ escarpolette sur laquelle se balance une jeune fille. Ce Satyre appartient à la suite de Dionysos ; sa couronne indique qu'il s'agit d'un rite dionysiaque de la fête des Anthestériesi au début du printemps (11 - 13 du mois d'Anthestérion). Pour ce qui est de l'origine de ce rite, il y avait en Attique une légende qui se réferait à l'Erigone» fille d5 Icarios. Les deux autres représentations sur des hydries (cruches) (fig. 5 et 6) sont également relatives aux Anthestéries. Ces vases devaient servir pour les jours de cette fête, les Choës et les Chytres. Il est probable que le but de cette coutume n' était pas autre que celui des Anthestéries, fête dionysiaque pour la fécondité non seulement de la vigne, mais de tout le règne végétal et animal. On peut donc penser être proche de l'idée qui présida à son origine, si on interprète le balancement comme un rite religieux, et à but magique. Ensuite d' autres thèmes pouvaient se greffer et se développer : expulsion du mal, santé de la famille, du bétail, Outre le témoignage de l'époque minoenne Cretoise, on peut citer la découverte, lors de fouilles archéologiques dans le sud - est de l'Europe, du Proche - Orient, et des pays au nord du Danube, de figurines en suspension ou perforées dans ce but. D'après Delvoye, on faisait balancer ces figurines pour stimuler la fécondité de la nature. M. Nilsson fait remarquer à ce propos que «suspension » ne signifie pas obligatoirement «balancement». Sp. Marinatos dans une étude relative mentionne d' autres statuettes perforées ou non de la période préhistorique, qu' il considère destinées à être suspendues et balancées. Outre les témoignages de sources littéraires de l'antiquité grecque sur l'aiôra, il ajoute d'autres de l'épopée antique des Indes, de Mahabharata. Dans son epitome, de ce texte, le Malabharata (chap. 7), nous avons la description d'une fête printanière pendant laquelle on pratiquait le balancement de jeunes gens des deux sexes, principalement des femmes. Il s'agit d'une coutume d'amusement ; pourtant on peut conclure que cela était aussi un rite d'après un témoignage dans le Rig - Véda d'une cérémonie védique pendant laquelle un prêtre s'asseyait sur une balançoire et aussi d'après la célébration d'une fête du balancement dans les Indes modernes en l'honneur du dieu Krichna. J. G. Frazer après avoir étudié le thème du balancement rituel chez plusieurs peuples, et par rapport également à l'Aiôra de l'antiquité grecque, considère la coutume en question comme devant apaiser les mauvais esprits, et assurer en même temps une bonne récolte : il devait purifier l'air des influences néfastes de Pâme errante des morts non enterrés, ou des mauvais esprits hostiles à l'homme et à la nature. De ces corrélations avec l'élément «air», Frazer tire la conclusion que le balancement était un moyen de s'assurer des brises rafraîchissantes au cours des chaleurs torrides de l'été suivant. Cette opinion, que l'auteur juge la plus proche des origines du rite, a été pour lui le départ de recherches plus approfondies. Depuis l'aube de la civilisation, l'homme aurait compris, par expérience, les influences bienfaisantes ou destructrices d'origine météorologique, determinant sa vie quotidienne ; pluies îortes ou îaibles, hausses ou baisses de température, périodes de sécheresse, tempêtes etc. Les paysans, les éleveurs, et tous les autres individus qui en subissaient les conséquences, devaient prêter constamment une attention particulière, voire même une inquiétude vis - à - vis de la situation météorologique au printemps et au début de l'été. Cette période, est en effet, d'après l'expérience paysanne, la période charnière dont dépendra la récolte. On souhaitait donc des températures favorables et des vents frais, pour assurer l'abondance de la nouvelle récolte. On voyait cet état météorologique favorable dans le balancement des branches des arbres sous le souffle du vent, par rapport à leur immobilité lorsqu’ il n' y a pas d'air, et qu' il règne une chaleur torride. L'homme primitif, ayant observé ce phénomène désiré pour acquérir une bonne récolte, ignorant tout des causes véritables des phénomènes naturels et de leurs conséquences, croyait qu'ils étaient l'oeuvre d'êtres surnaturels, d'esprits divins bienveillants ou malveillants, et il essayait, par des pratiques magiques et rituelles, de dominer sur ces esprits. Il croyait, d'après le principe de la magie homéopathique, que si on imitait le balancement des branches des arbres sous le souffle du vent par la pratique de la balançoire, ou en faisant osciller des statuettes, on pourrait agir sur les esprits et les autres divinités, qui feraient souffler des vents pour le plus grand bien de la nature et des récoltes. Selon les occupations et la vie quotidienne de chaque société, ce rite magique ou religieux pouvait avoir d'autres buts, comme on a pu le remarquer dans les pays balkaniques et ailleurs. L'auteur exprime enfin l'opinion que le mythe antique de l'Erigone concernant la naissance de l'Aiôra (du balancement) constitue une adaptation à l'esprit de la société d'Athènes antique, d'un autre mythe antérieur du sacrifice d'une jeune fille au vent favorable pendant l'exécution de l'Aiôra
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